Une interpellation inadmissible : appel à soutien le 4 juillet devant le tribunal administratif

“Nous lançons un appel à se rassembler le mardi 4 juillet à 11h45 devant le tribunal administratif  de Caen, 3 rue Arthur le Duc en soutien à  E.K et à sa famille.

Vous comprendrez à la lecture du récit suivant que le rassemblement est d’abord de nature politique : nous vivons dans un contexte délétère politiquement, où les personnes exilé-es sont de plus en plus criminalisées et susceptibles de subir des comportements abusifs de la part des autorités, mais aussi de certains de leurs concitoyen.n.e.s : nous, associations de défense des droits humains, ne devons pas nous taire face à cette situation et qu’il représente également une forme de soutien important pour cette famille, qui vit des heures difficiles.

Vendredi 9 juin aux alentours de 17h, alors qu’il y prie tous les jours avant d’aller travailler dans un restaurant caennais où il occupe le poste de commis de cuisine depuis deux ans, E.K., exilé de nationalité indienne arrivé il y a trois ans en France, s’est vu interpeller alors qu’il finissait sa prière par deux policiers en armes et en uniforme au sein même de l’église Saint-Pierre. Ils lui ont demandé de le suivre à l’extérieur, sous le porche, l’ont fouillé puis emmené à l’hôtel de police en retenue administrative
La Cimade connait bien la famille puisque celle-ci fréquente les ateliers sociolinguistiques proposés par le groupe local de Caen. Les bénévoles ont été alertées par sa femme : samedi 10 juin au matin, E.K n’avait toujours pas été libéré depuis son arrestation la veille au soir. Les bénévoles présents en soutien à l’hôtel de police ont attendu sa libération à l’issue des 24 heures de sa retenue, sans qu’il ait eu accès entre temps à un avocat de permanence. 

Selon la police, contactée, les  policiers ont été alertés par un passant sur “suspicion de comportement suspect”. 

Cette situation est anormale, inadmissible. Le contexte lié aux évènements d’Annecy est difficile, mais il est terrible de penser que le seul fait d’être indien et de rentrer dans une église puisse constituer un comportement suspect en 2023 en France. 

A la Cimade, nous connaissons bien cette famille. E.K et son épouse participent activement à la vie de l’association, E.K avec une présence discrète et chaleureuse, et sa femme par son enthousiasme et sa spontanéité durant nos ateliers de pratique de la langue française, toujours amicale avec les autres apprenants à qui elle a à cœur de fournir une aide très appréciée. Ils viennent accompagnés de leur petit garçon à toutes les activités culturelles proposées : musée, chorale, sorties… Le traumatisme provoqué par cette arrestation pèse déjà grandement sur la famille

La Cimade accompagne également la famille sur le volet juridique. E.K, qui vit en France avec sa femme et leur petit garçon d’à peine deux ans (né à Caen). Il peut déposer sa demande de régularisation en juillet 2023 puisqu’il est maintenant en France depuis trois années sans interruption, et en contrat à durée indéterminée (CDI) depuis juillet 2021 (éléments prévus par la circulaire Valls). Son employeur ne tarit pas d’éloges à son sujet : “c’est une personne très investie dans son travail, très ponctuelle et qui exécute à la perfection les tâches qui lui sont confiées. C’est une personne de confiance et respectueuse du matériel” .

 Les efforts continus de cette famille pour réussir leur insertion en France et leur intégration sont remarquables. L’arrestation d’E.K, qui a  malheureusement été conclue par les délivrances d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) et d’une Interdiction de Retour sur le Territoire Français (IRTF), vient compromettre ce processus de régularisation sur le sol français.

Nous dénonçons le caractère inopiné et arbitraire de l’interpellation qui condamne, alors même qu’aucun délit n’a été constaté, une famille à être séparée et à une précarisation accrue de leur situation. Nous espérons que l’affaire ne va pas en rester là, que l’OQTF et l’IRTF soient abrogées  et qu’E.K et sa famille soient rapidement régularisés au vu de leurs efforts continus d’intégration en France.
Ce sont les conditions d’accueil en France qui sont en jeu, elles doivent être dignes du « pays des droits de l’homme ».
 
Nous espérons nous retrouver nombreuses et nombreux mardi 4 juillet à partir de 11 h 15 devant le tribunal administratif.”

Le bureau du groupe local de La Cimade Caen